Calokilit

Nathalie lit, Lisa aussi, c'est Calokilit !


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Ceux qui me restent – Damien Marie et Laurent Bonneau

Résumé éditeur :
Florent a perdu sa femme beaucoup trop jeune.
Il a tenté d’élever seul sa trop petite Lilie, maladroitement ou certainement pas assez. Et Florent et sa fille se sont perdus à leur tour. Elle l’a laissé encore plus seul pendant 20 ans. Aujourd’hui, à 70 ans, il n’a qu’un souhait, il veut la retrouver avant de mourir ; sa Lilie qui vient maintenant le voir presque tous les jours, mais qu’il ne reconnaît plus.

Mon avis :

Ceux qui me restent est une BD délicate. Ici pas d’esbroufe, seulement de l’authenticité. Le sujet de la maladie d’Alzheimer est traité de l’intérieur, l’auteur nous plaçant dans l’esprit de Florent, malade, perdu entre passé, présent et imaginaire.

Les débuts sont d’ailleurs assez déroutants, j’ai eu du mal à suivre son esprit torturé. Une fois que le lecteur a compris ou il est, comment le récit fonctionne, la fresque dépeinte par Damien Marie frappe de plein fouet.

Au fil des pages, on en apprend de plus en plus sur cet homme. Sur son passé, de sa rencontre avec sa futur épouse aux évènements dramatiques qui le mèneront à délaisser ceux qu’il aime. Le récit prend une dimension supplémentaire en s’attardant sur la vie de Lilie, sa fille, sur ce qu’elle ressent face à la maladie de son père. Le désarroi de Florent, celui de Lile, la solitude qui semble les unir, tout est touchant.

Les dessins de Laurent Bonneau soutiennent totalement le propos. Les décors à peine esquissés parfois, le peu de couleurs qui subsistent, tout est fait pour nous rappeler que nous ne sommes pas dans la réalité mais bien dans l’esprit de Florent.

Je ne suis pas sure que cette bande dessinée plaise à tout le monde, le sujet est trop sensible, en tout cas, à moi, elle m’a parlée.

Lisa


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Le muret – Céline Fraipont et Pierre Bailly

Résumé éditeur :
À treize ans, Rosie vit une situation peu commune : ses deux parents durablement éloignés à l’étranger et ne s’occupant d’elle qu’épisodiquement, elle doit se débrouiller au quotidien presque entièrement seule. Son seul point d’ancrage est son amie d’enfance Nath, avec qui elle entretient une relation presque fusionnelle. Mais les amitiés sont aléatoires et fluctuantes à cet âge. Progressivement mise à distance par Nath, Rosie, de plus en plus isolée, se réfugie dans l’alcool et l’absentéisme scolaire. C’est dans ces circonstances, à la dérive, que l’adolescente fait la connaissance de Jo, un garçon à peine plus âgé qu’elle, qui comme elle habite seul, vivant d’expédients et de petits trafics.

Mon avis :

Le Muret est le récit d’une adolescence paumée, le personnage de Rosie pourrait être n’importe quelle ado laissée à l’abandon par ses parents. Le début du récit est poignant, découvrir la jeune fille si perdue, si seule, ne laisse pas indifférent. La dérive est palpable, dure, je me suis presque sentie impuissante pendant la lecture, me demandant si personne n’allait faire quoi que ce soit pour cette gamine.

Au fil des pages, Rosie se débat, elle se cherche, elle cherche surtout à oublier sa situation, sa solitude trop forte pour être supportable. Pour qu’elle s’en sorte il faut que quelque chose change. Est-ce que sa rencontrez avec Jo sera ce déclencheur ? Ou bien le jeune homme la fera-t-elle plonger encore plus ? Petit à petit, Rosie grandit, mais peut êtr eun peu vite, à plusieurs reprises, elle ne passe pas loin de se brûler les ailes.

J’ai beaucoup apprécié le regard que les auteurs portent sur ces adolescents et jeunes adultes. A aucun moment je n’ai eu l’impression qu’ils jugeaient leurs personnages. Le traitement est très doux. Il n’est pas question de bien ou de mal, mais plutôt du récit d’un passage de l’enfance à l’âge (presque) adulte. Le Muret est une bande dessinée sans concession, intimiste et profonde. Une vraie réussite à mon avis, une de ces bandes dessinées à conseiller aux ados comme aux adultes, puisque personne n’y restera indifférent.

Mention spéciale pour le dessin très fort, entièrement en noir et blanc, avec des contrastes puissants.

Lisa

A lire sur le site de Bodoi, l’interview des deux auteurs.


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Pendant que le roi de Prusse faisait la guerre qui donc lui reprisait ses chaussettes ? – Zidrou & Roger

Résumé éditeur :
Un duo inédit pour un album plein d’humanité et de tendresse : Zidrou et Roger, le dessinateur de Jazz Maynard, signent le one-shot Pendant que le Roi de Prusse faisait la guerre, qui donc lui reprisait ses chaussettes ? Eh bien, c’est sa maman ! Madame Hubeau, elle, s’occupe seule de son grand enfant de 40 ans, Michel, handicapé. Un quotidien certes difficile, mais joyeux et qu’elle assume avec courage et générosité. Un magnifique hommage à toutes ces personnes admirables qui se battent dans l’ombre.

pendant-que-roi-prusse-faisait-guerre-qui-donc-lui-reprisait-ses-chaussettes-tome-1-pendant-que-roi-prusse-faisait-guerre-qui-lui-reprisait-ses-chaussettes-one-shotMon avis :

Pendant que le roi de Prusse faisait la guerre qui donc lui reprisait ses chaussettes ?  est une bande dessinée que j’avais très envie de lire. Ayé ! C’est fait !

Tout d’abord, j’ai été déstabilisée par la « forme » : j’ai d’abord cru que le récit était composé de plusieurs petites histoires. Finalement, ces diverses histoires  forment un tout.

Madame Hubeau a un grand garçon, un adulte. C’est son enfant, depuis quarante ans. Il est handicapé, et n’est plus du tout autonome. Elle s’en occupe comme lorsqu’il était petit. Il aime jouer à Puissance 4, regarder les dessins animés. Et il déteste le vent.

Pour moi, cette bande dessinée parle de la solitude : la maman fait tout ce qu’elle peut pour prendre soin de son fils, mais se retrouve de fait seule. Les gens passent chez elle, ne restent pas. Elle doit toujours être aux aguets, ne peut jamais se sentir tranquille : sa responsabilité et son amour sont engagés envers son fils. Elle ne semble pas malheureuse, ou du moins, pas tout à fait.

C’est finalement l’histoire d’un drame familial, qui m’a laissée malgré tout sur ma faim.

Nath à livre


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Far away – Maryse et Jean-François Charles, Gabriele Gamberini

Résumé éditeur :
Martin Bonsoir est chauffeur de camion. Il parcourt seul les paysages grandioses du Canada et des États-Unis sans plus les voir. Jusqu’au jour où son camion est immobilisé par la neige dans un bled paumé du Canada. Il y est secouru par une femme seule, plus âgée que lui, Esmé Larivière. Sur un coup de tête, elle demande à Martin de l’emmener avec lui. Le voyage de Martin prend alors une autre tournure.

faraway

Mon avis :

Cette bande dessinée je l’ai lue en période de pénurie de nouveauté, au hasard, parce que la couverture pleine de neige me semblait de saison. L’illustration peut déplaire, son réalisme, ses couleurs vives, son aspect pictural. Au contraire c’est plutôt ce qui m’a attiré, ça et le road-trip dans le nord américain. C’est un véritable plaisir pour les yeux, les paysages, les expressions, tout est très détaillé.

Far away c’est l’histoire d’une rencontre, qui ne laissera aucuns des deux protagonistes intacts. Martin et Esmée sont des personnages attachants, meurtris par la vie, ils souffrent l’un comme l’autre beaucoup de la solitude, même s’ils n’en sont pas forcément conscients. Le destin les a réunis et ensemble, ils vont entreprendre un voyage commun à travers le Canada. Un voyage au cours duquel ils apprendront à se connaître l’un l’autre et qui changera leur vie. Leurs histoires, leur passé sont juste esquissés mais nous donnent bien les clés pour les comprendre. Les informations sont distillées petit à petit au cours du récit, nous donnant toujours envie de continuer la lecture.

Ici pas de grand spectacle, mais plein de sensibilité et de pudeur. Les illustrations superbes et le texte simple font de cette bande dessinée une réussite, une jolie histoire triste, très délicate.

A lire sans hésitation.

Lisa