Quelque part dans le vaste capharnaüm des mondes possibles, il en existe un où, plus qu’ailleurs, on reste profondément outré par l’idée de la vieillesse et de son issue tragique : la mort. Mais a-t-on la possibilité d’y échapper ? Ailleurs peut-être pas, mais dans ce monde-là, il est permis de le penser. C’est en tout cas la théorie du vieux professeur Aristide Breloquinte, qui occupe son temps à étudier les caprices du temps à bord du Laps, son navire laboratoire. C’est aussi l’avis de la belle Manie Ganza, qui semble convaincue que le temps, c’est de l’argent, et même des espèces sonnantes et trébuchantes. Chimère ! Diront certains. Non-sens diront les autres.
Et puisqu’on parle de non-sens, signalons tout de même ce fait étrange : depuis quelques temps déjà, on a perdu le pôle nord. Ça n’a probablement rien à voir… Ou alors, c’est tout l’inverse.
En compagnie d’une myriade de personnages fantastiques que n’aurait pas reniés Lewis Carroll, embarquez pour un fabuleux voyage qui vous emmènera tout autant dans les sphères éthérées de l’imagination qu’au cœur des préoccupations existentielles humaines.

Mon avis :
Wouhaou ! Je l’ai lu d’abord, sans grande conviction, mais plus par devoir dans le cadre de mon travail. Et je dois dire que j’ai pris une sacrée claque !
Je ne sais pas par où commencer, tellement cette bande dessinée est foisonnante, à tous points de vue !
Les boussoles ont « perdu le nord », au sens propre du terme, déclenchant de nombreuses anomalies : les bateaux se perdent en mer, les oiseaux ne suivent plus leur trajet migratoire, … Et dans ce monde, on court après le temps, le temps qui passe. Tous les personnages ont une grande peur de vieillir, et donc de mourir. Une problématique qui je pense, nous parle finalement à tous. Dans cet univers là, on cherche donc des solutions pour arrêter l’effet du temps qui passe.
Les personnages sont hauts en couleur, originaux, attachants, détestables, incongrus, et j’en passe ! Comme ce roi qui ouvre pratiquement la bande dessinée, et qui doit répondre à 17 caprices de sa future épouse, comme ramasser des bigorneaux sur la plage, alors que la cour le regarde pataugeant dans le sable humide.

Andréae a magnifiquement illustré le scénario de Lupano. Les deux auteurs se complètent à merveille ! Les couleurs sont éclatantes, le trait juste. L’univers qu’ils ont créé est incroyable, peuplé de personnages originaux, et plus fantastiques les uns que les autres. Tout est fouillé, recherché. Comme vous l’avez lu plus haut, il y a un soupçon de Lewis Carroll dans cette histoire… Un lapin blanc ? vous avez dit un lapin blanc ? Ici, il n’a pas de montre… Je vous laisse découvrir quel rôle il aura dans ce récit !

En plus d’un scénario bien ficelé, cette bande dessinée est bourrée d’humour : de nombreux jeux de mots (très bien sentis) vous feront décrocher des sourires au fil du récit. Vous retrouverez cet humour dans les illustrations, mais aussi, beaucoup de poésie.
Alors oui, un gros gros coup de coeur pour ces 2 premiers tomes d’une série très prometteuse !
C’est bientôt Noël, alors n’hésitez pas à la mettre au pied du sapin !
Nath à Livres
Les aventuriers du temps passé, tome 1, Azimut
Lupano & Andréae
Vents d'Ouest