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Fuir les taliban – André Boesberg

Résumé éditeur :
Roman inspiré de l’histoire vécue de Sohail Wahedi, fils d’un leader de la résistance au régime des taliban en Afghanistan. La première partie du livre raconte le quotidien de Sohail et de son ami Obeid dans la ville d’Herat. La deuxième partie montre sa fuite, avec sa mère et sa soeur, à travers la montagne, puis la Russie, la Pologne, l’Allemagne et, enfin, l’arrivée aux Pays-Bas, où ils demandent l’asile politique. Ce récit très réaliste nous est présenté par le filtre des sentiments et des émotions de Sohail. Il est à la fois très informé et très humain quant au vécu quotidien sous le régime des taliban. Sohail ne sait jamais jusqu’à quel point croire son interlocuteur, fût-ce son meilleur ami, son père ou sa soeur. Plus on avance, plus la famille de Sohail est en danger et plus le livre est passionnant. La deuxième partie sur le voyage, la fuite est particulièrement prenante et émouvante. Cela ne sent jamais le témoignage ou le documentaire, c’est un vrai roman, même si c’est aussi un documentaire et un témoignage. L’auteur montre très adroitement que les réfugiés politiques n’ont pas choisi de venir en Occident, que c’est pour eux le dernier recours et qu’ils ont tout perdu : leur pays, leur identité, leur histoire et ceux qui leur sont chers.
 
Fuir les taliban

Mon avis :

Je viens juste de fermer ce livre, et n’ai pas pu attendre plus longtemps avant de vous en parler !

Le narrateur est un petit garçon de bientôt douze ans, qui vit à Herat, en Afghanistan. Les taliban sont partout et font régner la terreur, et l’injustice. Les gens « disparaissent », puis sont retrouvés pendus aux réverbères des ronds points, pour l’exemple.
Le récit s’ouvre sur une scène d’exécution au cœur d’un stade, complétement arbitraire. Le ton est donné…

Sohail essaie de vivre dans cette ville, en suivant son meilleur ami qui, au même âge que lui, s’engage à sa manière dans la résistance, « l’organisation ». Il se rend compte au fur et à mesure que des personnes de son entourage, eux aussi, luttent à leur manière contre la dictature des taliban : le prof de math, la mère de son ami, son père… Mais tout lui est tu, pour le protéger. Il le sent bien, et ne sait plus qui croire, et à quoi se raccrocher. L’esprit pragmatique, il prend des notes dans un cahier, son « journal intime ». Loin des amourettes, des secrets que l’on couche sur le papier à son âge, il y note ses cauchemars agrémentés de pendus, mais surtout il y note des éléments pour essayer de démêler ce que lui et son peuple vivent, à la manière d’un mathématicien.

Puis tout s’accélère : les taliban entrent chez lui lors de l’absence de la famille, fouillent la maison. Son père doit alors se cacher, et sa mère, sa sœur et lui-même doivent fuir le pays pour sauver leur vie. Ils partent donc grâce à « l’organisation », et traversent de nombreux pays avant d’atteindre les Pays-Bas, et d’obtenir le statut de réfugiés.

Ce livre nous présente les questionnements d’un petit garçon, qui finalement ne peut plus l’être. Ses angoisses et ses questions sans réponses nous mènent tout au long du récit, mais son courage aussi. Le paysage est triste et morne, en nous présentant un pays revenu aux confins du moyen-âge du fait de l’emprise des taliban, et de la peur du peuple essayant tant bien que mal de continuer à vivre. Comme avant ? Non, c’est devenu impossible. Alors certain se battent à leur manière, dans l’ombre, au péril de leur vie.

Voilà un roman très intéressant, qui malgré le sujet abordé garde un ton neutre, ne tombant jamais dans le drame. L’écriture est fluide, le langage ne tombe jamais dans la « dureté » que les situations vécues pourraient entraîner. L’auteur mène magnifiquement bien son récit, ne nous plongeant jamais dans l’ennui, mais plutôt dans l’envie d’aller encore plus loin dans le texte, pour savoir, pour comprendre. Un peu comme Sohail finalement, qui souhaiterait lui aussi comprendre…

Un roman que je conseille vivement aux jeunes adolescents, à partir de douze ans, mais aussi bien sûr aux plus grands, à tout le monde en fait. Travaillant en médiathèque, c’est un livre que je vois souvent sortir, et majoritairement par des adultes. Et si vous le mettiez dans les mains des plus jeunes ?

Nath à Livre